Vivre avec ou sans peur - compte rendu complet
Compte rendu du premier café citoyen, le 30 octobre 2021
Vivre avec ou sans peur ?
Plus de cinquante personnes sont venues et la présentation de la question a suscité une vingtaine d’interventions différentes.
Le texte de l’intervention suivi des remarques et questions
Présentation des finalités de cette nouvelle activité de l’Amicale laïque :
- Promouvoir un vrai débat d’idées sur des questions de société actuelles.
- Remédier aux invectives, aux insultes et aux vaines polémiques qui saturent l’espace public (media traditionnels et réseaux sociaux), où sont confondus débats et pugilats.
- Chercher une information sérieuse, objective afin d’exprimer un point de vue argumenté, d’entendre les arguments des autres afin de se faire une idée plus claire et plus distincte d’un problème auquel la société doit essayer de répondre. (La santé, l’école, les services publics, les institutions, la sûreté des personnes etc.)
Selon Montaigne « Il faut frotter et limer sa cervelle contre celle d’autrui » pour se connaître soi-même et l’humaine condition. Redonner goût à la vie des idées, tradition française, en rapport avec la devise républicaine liberté, égalité et fraternité, dont la condition de possibilité est plus que jamais la laïcité. Liberté de conscience, de penser et d’exprimer ses pensées dans la discussion avec les autres, c’est une question d’éthique.
L’éthique vient du grec ethos : le comportement, le mode de vie des vivants. Pour les animaux, l’éthologie, pour nous humains, l’éthique, les règles de vie instituées afin de mieux vivre ensemble.
Notre premier thème : « Vivre avec ou sans peur » concerne directement le problème de nos sentiments les plus négatifs tels la peur, la crainte qui nuisent considérablement à nos rapports avec les autres, à notre vie sociale et qui engendrent des comportements collectifs, lesquels, pris dans un engrenage politique, favorisent les tendances sécuritaires, identitaires et autoritaires. Notre vie démocratique exige de comprendre et, pour cela, de démonter ce mécanisme infernal.
Trois questions :
- I. Qu’est-ce que les peurs collectives liberticides ?
- II. Que nous apprennent les historiens sur les grandes peurs qui ont traversé nos sociétés?
-III. Quels remèdes pour une vie sociale apaisée et démocratique ?
I. Qu’est-ce que les peurs collectives liberticides ?
Vivre à Saint Brevin c’est plus tranquille que vivre à Kaboul, en quoi serions-nous concernés ? Cependant, « on n’est à l’abri de rien », l’épidémie de Covid nous l’a rappelé. Que faire ? D’abord comprendre car y voir plus clair c’est déjà dépasser sa peur. Une lectrice d’un quotidien régional (O-F, 10 septembre 2021) écrit :
« Je suis bouleversée par ce flottement dangereux dû à nos incertitudes actuelles, sous la poussée des événements qui mettent la mort au premier plan des menaces qui pèsent sur notre destin : pandémie, écologie. L’affolement et l’incertitude semblent se donner la main pour brouiller nos espoirs et notre avenir. »
Ce constat est confirmé par une enquête de l’Institut Polivox, d’après laquelle 61% des français, toutes classes et groupes confondus, croient que la France est en déclin, ce qui entraîne leur inquiétude. Un psychiatre de l’hôpital Henri Mondor à Créteil étudie les effets du dérèglement climatique sur les émotions . Changement climatique, terrorisme, risque d’appauvrissement, poussée migratoire etc. donnent le sentiment qu’une catastrophe imminente arrive ; mais surtout que rien ni personne n’est en mesure de la conjurer. La défiance envers toutes les institutions, structures organisées, est maximale.
Quel est le degré de réalité de ces dangers ? Un phénomène d’amplification malintentionné ne transforme-t-il pas des peurs « normales » en craintes fantasmées ?
La peur d’un danger immédiat n’est pas la seule émotion qui ébranle les foules, il y a aussi toutes les images catastrophistes, tous les discours du déclin des « déclinologues » et « collapsologues ») qui jour après jour viennent frapper notre cerveau.
Or, qui tient une population par la menace des armes n’est en réalité pas si fort que tout un système de représentations du monde qui fait du citoyen un être craintif et se méfiant de tout et de tous. C’est ce qui menace notre liberté de penser et d’agir.
Il suffit alors d’un habile démagogue pour agréger ces individus déboussolés et les transformer en une foule hostile, prête à lyncher le premier bouc émissaire venu.
On a vu comment la rhétorique irresponsable d’un Trump a pu conduire ses supporters à envahir le Capitole. En France nous subissons la rhétorique hargneuse des surfeurs de peurs. C’est le problème majeur de nos systèmes démocratiques.
La lectrice du quotidien continue :
« L’esprit humain est-il assez formé désormais pour savoir réagir autrement qu’en cherchant des ennemis à abattre, et inventer une autre manière de vivre ensemble, de fraterniser face au malheur, de partager les richesses, de supporter nos différences ? »
Bien poser le problème c’est déjà se demander qu’est-ce qui met une société en ébullition, à qui profite l’agitation. Et quelle différence entre une inquiétude face aux injustices et une éruption de colère paranoïaque ?
Avant d’en montrer les conséquences sociales et politiques, il faut s’entendre sur la nature des « peurs collectives », distinguer celles qui ont un objet réel des craintes imaginaires. Il faut bien définir les termes que nous employons pour penser juste. Camus disait que mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde.
Il est difficile de donner d’emblée une définition simple et juste de la peur prise au sens large (incluant tous les autres termes) car elle renvoie à différents sentiments. En règle générale, nous avons peur de ce qui est susceptible, croyons-nous (à tort ou à raison), de nous faire du mal d’une manière ou d’une autre.
La peur, (timor en latin), est différente de la crainte ( metus en latin) ; la peur, proprement dite, concerne un danger présent et identifié. La crainte est une appréhension inquiète d’un danger possible dans un futur incertain, sentiment nourri de souvenirs travaillés par l’imagination « s’en faire un monde ». Donc la crainte est plus complexe, mêlant les images du passé et l’imagination d’un futur menaçant. Elle interdit la tranquillité de l’esprit.
-L’angoisse dépasse largement notre analyse car elle concerne le sentiment diffus de notre fin inévitable, nous sommes mortels mais, si nous sommes en bonne santé, nous ignorons l’événement qui mettra fin à notre vie, incertitude qui concerne notre seule existence individuelle. C’est une question métaphysique ou religieuse selon les convictions de chacun, pas une question sociale. L’angoisse est un sentiment individuel, personnel, mais comme tout sentiment triste et dangereux elle peut être manipulée par des puissances malintentionnées.
-La peur est d’abord une réaction animale, avec des manifestations physiologiques, et doit provoquer la fuite ou toute autre forme d’esquive du danger. En tant qu’êtres humains civilisés nos peurs concernent des réalités dont nous sommes le plus souvent la cause, mais il reste les grands phénomènes naturels, éruptions volcaniques, cyclones, tsunami etc. D’où les métaphores pour parler des chocs émotionnels : « c’est un séisme, un tsunami.. » C’est donc une émotion naturelle, commune à tous les animaux, face à un danger manifeste ; et nous sommes des primates, espèce vulnérable s’il en est ! Par exemple un loup étant venu à Saint Brevin, quelqu’un aurait pu se trouver nez à nez avec lui et avoir peur, c’est une réaction normale, qui sauve à condition de ne pas être paralysé.
-La peur intense est une frayeur ; devient épouvante ou terreur face à un danger monstrueux paralysant toute réaction, comme lors des attentats du Bataclan et des terrasses. Récit de la soirée du Bataclan, deux jeunes filles paralysées de peur ne parviennent pas à s’enfuir.
-La crainte est plus constitutive de notre mental humain, car nous avons une capacité à mémoriser et à combiner des souvenirs pour en faire des récits reconstruisant le réel. Nous fabulons, les mythes, les histoires nous fascinent depuis l’enfance, les films d’horreur, d’angoisse, les dystopie, la Bible AT la première du genre ! Façon d’apprivoiser nos peurs ou de les cultiver ? Les récits apocalyptiques effrayants suscitent l’effroi. Ces peurs-là renvoient à des expériences passées et à d’autres possibles dans un avenir incertain. Ainsi, parce que la criante est plus ou moins peur de l’inconnu, elle est liée à l’ignorance et aux affects tristes.
« La crainte est une tristesse inconstante, qui naît de l’idée d’une chose future ou passée, sur l’événement de laquelle nous avons quelques doutes » Spinoza, Ethique III Définitions des affects
Mais la crainte a un rapport à l’espoir, c’est l’envers de l’espoir ; « pourvu que ça ne m’arrive pas ! » d’avoir un accident, d’être contaminé par un virus etc. Craindre c’est espérer que le pire n’arrive pas. Car notre ignorance des causes du mal dont on a peur laisse souvent place à l’espoir d’y échapper. Loin d’être des sentiments opposés, la crainte et l’espoir, sont au fond les deux aspects d’un même sentiment : il n’y a pas de crainte sans espoir ni d’espoir sans crainte. L’esprit est le plus souvent balloté, inquiet, comme une embarcation sur une mer agitée.
« L’espoir, en effet n’est rien d’autre qu’une joie inconstante, née de l’image d’une chose future ou passée, dont nous doutons de l’événement. La crainte au contraire, une tristesse inconstante, également née d’une chose douteuse. » Spinoza, Ethique III, XVII sc.2.
Par exemple si nous considérons l’attitude purement émotionnelle par rapport à la Covid et à la vaccination, l’espoir d’être naturellement protégé et de ne pas attraper ce virus conforte la peur du vaccin, mal identifié. Au contraire, la crainte d’être durement atteint et de mourir pousse à se faire vacciner en espérant se protéger ainsi.
Les craintes fixées sur des objets qui symbolisent l’horreur, le mal deviennent des phobies, jusqu’à la phobie des autres, la misanthropie, la paranoïa qui relèvent de la psychiatrie.
Alors où est la raison face à toutes ces formes de craintes ? Que pouvons-nous y faire ?
Il n’est question ni de développement personnel, de sagesse ou de « spiritualité » anti-stress. Si l’on ne craint que ce qu’on ne connaît pas, le savoir devrait logiquement apparaître comme le remède contre les peurs et les savoirs scientifiques devraient nous libérer, à condition qu’ils n’engendrent pas à leur tour de nouvelles craintes, de la défiance. Tous les romans de science-fiction dystopiques renforcent la méfiance à l’égard d’un pouvoir occulte des savants maléfiques, Dr Mabuse et autres « apprentis sorciers », méfiance confortée par divers scandales, notamment sur les médicaments comme le Médiator.
Plus largement, l’avenir étant, par définition inconnu devient un objet de crainte planétaire, « l’avenir radieux » de la modernité optimiste s’est transformé en cauchemar apocalyptique ; « la fin du monde » hante les discours médiatiques apocalyptiques.
II Les grandes peurs dans l’histoire
Les historiens ont analysé ces phénomènes de peurs collectives afin d’en comprendre les ressorts et d’en mesurer les effets. Une meilleure connaissance de ce passé permet de relativiser ce qui nous arrive donc de moins céder aux réactions affectives irrationnelles. Depuis toujours, les mauvaises passions sociales, le ressentiment, le désir de vengeance, les haines xénophobes s’enracinent dans des récits de peurs anciennes soigneusement cultivées par des élites dirigeantes pour maintenir leur pouvoir sur une population obnubilée par des menaces plus ou moins imaginaires : l’ennemi intérieur, l’empoisonnement des sources, le vol des enfants, le grand remplacement etc. Aujourd’hui les mouvances complotistes continuent de distiller leur venin à travers les réseaux sociaux, ces redoutables vecteurs de haine.
Jean Delumeau, un grand historien récemment disparu, spécialiste de l’« histoire des mentalités religieuses a décrit et analysé les grandes peurs de l’Occident entre le XIV et le XVIII èmes s. La peur en Occident propose des thématiques qui résonnent avec l’actualité la plus présente. Un gros livre qui traite de multiples peurs :
-la peur de la peste, fondamentale. L'épidémie de peste noire qui a atteint l'Europe en 1348, appelée la Grande Peste, a été particulièrement dévastatrice, décimant quelque 25 millions de personnes, soit le tiers de la population européenne de l'époque.
-la peur de l’écrasement par de nouvelles fiscalités qui entraînent l’émeute au XVIIe siècle, comme la peur de la famine qui engendre les révoltes;
- partout la peur, peur de la nuit, peur de la mer,
- la peur des Ottomans, peur au sein de la communauté,
- la peur celle des hérétiques
- la peur des sorcières
Le tout renforcé par le Grand Schisme (1378-1418), quand la papauté d’Avignon devient concurrente de Rome. Tout un faisceau de craintes qui dépasse l’horizon rationnel
. Les élites civiles et plus encore religieuses, mettent en forme des terreurs où bien souvent la prédication ordonne le pire. On menace de l’Enfer. Quand la peur en appelle à Satan-Belzébuth, la constitution de boucs émissaires désigne le Juif, le protestant, la femme, la sorcière.
III Quels remèdes ?
« Liberté, égalité, fraternité » comment faire vivre cette belle devise de la République française ?
S’il appartient à chacun de vivre avec ses peurs « raisonnables » en chassant ses craintes imaginaires par l’information sérieuse, c’est aux institutions collectives et privées d’agir pour diminuer l’emprise des craintes collectives. Comment faire baisser les tensions sociales facteurs de craintes liberticides ? Encore un passage de la lettre de la lectrice :
« L’avenir est prometteur si nous ne détruisons pas tout sur notre passage. Il va falloir apprendre à utiliser notre intelligence collective à la place de croire en des génies providentiels de la politique ou de la religion. »
Mais ce sont de belles paroles vagues, comme les maximes « l’union fait la force », « aide-toi et le ciel t’aidera. » La Sagesse populaire demande à être traduite en actes, en comportements réguliers. Dans cette perspective, tout ce qui cultive l’espoir de vivre mieux dans la société et avec les autres est utile.
- la culture générale, les arts, les sports collectifs et l’exercice régulier de la citoyenneté .
La condition sine qua non est que les espoirs ne soient jamais entièrement déçus, que malgré les échecs, les insuffisances des actions menées, publiques ou privées, chacun puisse se dire que « c’est quand même mieux que rien. » Pour la Culture, il faut distinguer entre le divertissement et la culture qui doit bousculer les esprits, faire douter des certitudes pour mieux réfléchir. Dans La crise de la culture Hannah Arendt critique « l’entertainment » américain.
-l’éducation nationale facteur de mixité (des progrès à faire !)
Pour oser faire usage de toutes les ressources offertes par la vie en société, il importe de ne pas avoir peur des autres, tous nos semblables. De voir dans l’autre non un ennemi mais un concitoyen, un voisin, un être humain comme moi et pourtant étranger, différent.
Faire tout ce qu’il est possible non seulement pour co-exister mais collaborer à une vie commune plus satisfaisante. Comment faire ?
Nettoyer les plages, jardins partagés, bénévolat etc. les journées « citoyennes », c’est gentil mais très insuffisant.
Alerter les autorités à tous les niveaux, par tous les moyens légaux autorisés dans une démocratie (différence avec une dictature).
Participer à des instances de conseil et de délibération partout où elles existent.
Question essentielle faut-il lancer des alertes de plus en plus menaçantes pour réveiller les bonnes volontés ? L’éventualité d’une catastrophe définitive (fin de la biodiversité, mort des démocraties etc.), la réalisation des dystopies n’est-elle pas contre- productive ? L’orchestre jouait encore lors du naufrage du Titanic ! (voir Hans Jonas et Jean-Pierre Dupuy)
En Conclusion : la parole est donnée aux participants du Café citoyen.
Compte-rendu des prises de parole dans l’ordre chronologique
1. L’initiative du Café citoyen est félicitée car elle s’inscrit parfaitement dans les fondamentaux et les finalités essentielles d’une amicale laïque : l’éducation populaire, la formation et la citoyenneté. Réaffirmation nécessaire en ces temps de bavardages médiatiques et d’un certain délabrement intellectuel de l’expression publique. Pour ce qui est du thème de la peur, il faudrait insister davantage sur les exagérations lexicales dans les discours sur la Covid ; plus de 170 mots et expressions empruntés au vocabulaire militaire ou nucléaire (Larousse 2021) ; ce qui exacerbe la peur, renforce le caractère anxiogène de l’information consacrée à la pandémie et « ajoute au malheur du monde » (Albert Camus).
2. Il faut regarder la situation telle qu’elle existe cette pandémie va-t-elle s’arrêter ? Quoiqu’il en soit d’autres risques apparaîtront dans un monde en proie au toujours plus. Nos enfants sont plus sensibles aux questions de l’environnement, ils doutent de leur avenir. L’aspect économique doit être pris en compte, par exemple, si l’on passe au tout électrique sans changer de mode de vie, on utilisera autant de cuivre en 30 ans qu’en plusieurs millénaires (reportage Arte). Quant à l’aspect social, ce sont les plus pauvres qui sont les plus frappés. Quelle politique peut changer les choses ? Comment rendre des citoyens devenus plus conscients des risques auteurs et acteurs de l’évolution sociale? Pas par les réseaux sociaux qui sont un danger, ni avec certains politiques profitent de cette situation au détriment de solutions véritables.
3. Tout cela renvoie à une question de méthode. D’après une enquête comparative auprès des jeunes, dans les années 70 la valeur phare était la liberté ; aujourd’hui c’est l’égalité. La société est au pied du mur. Quel avenir construit-on ? Quel monde ? Sur quel sol ? Le changement climatique bouleverse les repères et complique toutes les stratégies ; ne faut-il pas changer les formes de la démocratie ? Les femmes ne prennent pas assez facilement la parole, pourquoi ne pas instaurer une parité de parole dans toute assemblée ? (remarque faite à propos du dispositif du café)
4. N’est-ce pas tout simplement une question plus technique, par exemple une meilleure disposition de salle afin que toutes les personnes se voient et puissent échanger face à face ? Ou bien travailler par petits groupes ?
5. Pour revenir sur le fond du débat, on peut distinguer deux axes : d’une part un discours sur des généralités, consensuelles. D’autre part, reconnaître l’altérité et la singularité de chacun ; ainsi moi ici maintenant je m’implique personnellement dans ma relation à l’autre et pour cela il me faut admettre le droit à la différence. Il faut donc dépasser la peur empirique et ancestrale qui m’empêche d’aller à la rencontre de l’autre (en tant qu’autre). Si je ne sais pas comment me comporter dans la vie quotidienne, je peux par exemple changer de trottoir pour éviter de croiser une personne handicapée. Ma peur vient de mon histoire, de ma culture.
6. La peur est quand même utile, c’est un signe d’alerte si elle ne paralyse pas. Il faut développer sa capacité d’analyse des situations, favoriser l’ouverture d’esprit, comprendre le raisonnement de l’autre, avoir de l’empathie pour vivre ensemble. vivre ensemble.
7. Remarque du modérateur : la laïcité signifie justement la liberté de conscience, d’expression et donc la possibilité de coexistence pacifique d’esprits différents
8. Pour désamorcer les peurs fantasmées il faut rencontrer les gens en vrai, personnellement, alors les préjugés s’effacent.
9. La peur est d’abord un sentiment qui vient « des tripes », pas de l’intellect. Donc on ne peut pas prendre du recul face à un objet qui fait peur ici et maintenant. Il y a tout un aspect physique de la peur : accélération du rythme cardiaque etc.
10. Mais pour les craintes fantasmées, dans lesquelles l’affectivité joue un rôle tout aussi important, on peut mieux les mettre à distance en démontant les mécanismes imaginaires, en se préparant mentalement à ce qui peut arriver pour mieux réagir en situation. Entraînement des sportifs, des militaires et autres qui apprennent à mieux gérer leurs émotions.
11. Le doute raisonnable (différent de la défiance systématique entretenue par le complotisme note du transcripteur) permet d’avoir du recul et aussi de chercher différentes sources d’information pour chercher à vérifier les faits, à varier les points de vue.
12. Mais l’analyse de données innombrables est très difficile. Dans une société de consommation, on reçoit tout mais que fait-on avec ces données ?
13. Comment s’activer ? Il faut sortir de son individualité et miser sur les relations avec les autres, penser collectif. Rester à l’écoute des différences.
14. Mais comment faire dépasser une pensée éclairée après réflexion mais encore individuelle vers une pensée plus collective ? Il y a les associations, pas seulement sportives, de toutes sortes quand elles ont une vie démocratique.
15. Il faut aussi considérer le rôle de l’éducation, des professeurs, (une enseignante parle en connaissance de cause). En classe, ils ne se cantonnent pas à une discipline, maths ou français, ils abordent toutes les questions d’éthique.
16. Comment avancer ? Le thème de la confiance est essentiel. La confiance en l’autre. Entre la confiance et la défiance il n’y a pas de juste milieu, dans tous les domaines, familial, professionnel etc. Mais il y a le problème de l’incertitude, l’avenir n’est pas certain parce qu’il n’est pas écrit. Cela donne donc de la liberté, une capacité d’agir. Ceux qui agissent pour que les jeunes acquièrent une capacité de parole, écrite et orale, qu’ils mettent des mots sur leurs sentiments, agissent dans l’espoir de faire reculer les peurs.
17. Le pire n’est jamais sûr, c’est heureux !
18. À propos de la capacité d’expression de la jeunesse, il est bon de savoir que dans les collèges il y a une préparation à l’oral pour le brevet, et depuis l’année dernière il y a aussi une épreuve orale pour le bac et une préparation à l’oral dans les lycées.
19. Pourquoi dire que les jeunes ne sauraient pas s’exprimer, qu’ils auraient moins de capacité d’analyse et de jugement ?
20. La peur naît de l’inconnu, et si les réseaux donnent l’impression de s’informer pour juger, trop souvent, chacun reste dans son canal et n’échange qu’avec des gens semblables à soi. Il est bon d’aller voir les publications qui ne nous plaisent pas, mais qu’il faut essayer de comprendre, non pas accepter, mais décrypter. Il est quand même souvent difficile de discuter avec ceux qui ne veulent rien entendre de différent d’eux.
21. Les enfants expriment bien leur peur dans des récits qui les libèrent. Exemple d’un petit enfant qui raconte un accident de la route en détail.
22. La peur est-elle normale ? Oui c’est une réaction à un danger et elle a des manifestations physiologiques. Il faut comprendre pourquoi j’ai eu peur, donc après coup, pour aller plus loin.
23. Pour donner un autre exemple, à Saint Brevin l’arrivée de migrants a déclenché chez certains un sentiment de peur qui a entraîné des comportements violents irrationnels et violents. Mais comme une importante partie de la population s’est mobilisée dans un élan de fraternité, finalement tout s’est bien passé.
24. Pour diminuer les peurs sociales il faut modifier les représentations ; tout ce qui est nouveau fait peur, mais contre les discours anxiogènes il est bon de rétablir la vérité des faits.
25. Il faut regarder la vérité en face, même si elle dérange. Le réchauffement climatique est une menace très réelle et très grave. Un médecin affronte la peste quand elle sévit, il prend toutes les mesures de précaution, mais il peut quand même mourir, comme dans le roman de Giono, « Le hussard sur le toit. »
26. Conclusion : oui il faut être lucide, et c’est parfois être pessimiste, mais il nous reste toujours l’optimisme de la volonté, car le pire n’est jamais sûr.
Bibliographie
Histoire, sociologie
- Jean Delumeau, La peur en Occident , XIV-XVIII éme siècles, edit° Fayard, coll°Pluriel.
- Michel Louis Rouquette, Patrick Rateau, Sylvain Delouvée, Les peurs collectives, édit° Eres
Lise Bourdeau, Les peurs et les croyances
Georges Duby,, Sur les traces de nos peurs
Psychologie
- Christophe André, Psychologie de la peur : craintes, angoisses etc. , édit°Odile Jacob
- Peurs rumeurs et calomnies, dir. Monique Cottret
Philosophie
- André Comte-Sponville, Contre la peur et cent autres propos, Le Livre de Poche
-Jean-Pierre Dupuy, Pour un catastrophisme éclairé, Seuil Essais
- Hans Jonas, Le principe responsabilité, Une éthique pour la civilisation technologique, Flammarion, collect° Champs
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