Aimer ou ne pas aimer les animaux comme soi-même ?
Compte-rendu du troisième café citoyen du 16 avril 2022.
Cette nouvelle rencontre suit la réflexion sur le vivant, sur notre manière de traiter les êtres vivants, donc nous-mêmes. Protéger et favoriser la vie est un acte primordial des sociétés, un enjeu de la citoyenneté. La vie animale est intimement liée à la vie végétale, comme le film « Le chêne » le montre de façon (un peu trop) spectaculaire. On peut aussi signaler le nouveau film de Cyril Dion « Animal », ainsi que le documentaire de France 2, «Méditerranée, l’Odyssée ».
Certes, mais peut-on vraiment s’intéresser à la vie animale au moment où se tiennent les élections présidentielles, entre les deux tours, moment crucial pour notre pays ? Sans parler de la guerre en Ukraine. On pourrait répondre que depuis toujours les hommes se sont représentés symboliquement par des figures animales, depuis les fables d’Ésope à celles de La Fontaine. Les hommes politiques sont pensés comme des renards ou des lions par le grand penseur politique Machiavel. Ne dit-on pas que certains sont des « bêtes politiques », mais venons-en aux faits. J’en retiendrai deux assez significatifs :
- Si vous avez vu les images des Ukrainiens qui fuient leur pays dévasté par la guerre, sans doute avez-vous été frappés par le nombre de réfugiés qui emportent leurs animaux de compagnie avec eux.
- Dans la campagne électorale, la question animale, le terme de cause est trop connoté, devient un thème important pour plusieurs candidats de gauche, et aussi de droite. Voir article du journal Ouest-France du 4 mars 2022 « La question animale devient un objet politique ». Il y eut même des candidats du parti « animaliste » aux élections présidentielles.
Qu’est-ce que cela nous apprend sur notre humanité ? Nous sommes de plus en plus sensibles à la souffrance animale. C’est-à-dire que nous ne croyons plus à une discontinuité entre les autres vivants et nous ; nous ne disons plus ce sont des bêtes, pas comme nous les humains. Est-ce seulement vrai pour nos animaux de compagnie ? Nous nous préoccupons du « bien-être » des animaux d’élevage, bovins et autres bêtes de belle taille, mais aussi de la volaille et même des poissons !Des lois sont votées pour sanctionner les comportements de cruauté envers les animaux, pour interdire le broyage des poussins etc. Par la loi de 2015, le Code civil art 515-14 introduit un changement de statut juridique important pour les animaux, désormais non plus des meubles, ou biens mobiliers, mais des êtres sensibles.
Quel est l’enjeu de notre discussion ou conversation d’aujourd’hui ?
Dis-moi comment tu traites ton chien ou tes agneaux, dis-moi si tu épargnes le hérisson qui traverse et je te dirai qui tu es. Sensiblerie infantile envers l’animal de compagnie, violence barbare envers le bétail de boucherie, désir de voir ou de chasser les bêtes sauvages, indifférence ou phobie envers « les petites bêtes », autant de passions qui empêchent les hommes de comprendre les mondes extraordinairement variés de la vie animale dont ils font partie. Au-delà de la question du bien-être animal, c’est la question de la vie et de la mort qui nous concerne tous. Le commerce, l’élevage, la chasse et la destruction d’innombrables espèces animales posent les questions éthiques, juridiques et politiques dont aucun regard humaniste ne peut se détourner. Mais de là aimer les animaux comme des alter ego, (et lesquels ?), comme un autre soi-même, il y a un pas, ou un abîme. Le syndrome Brigitte Bardot, émotion et indignation très médiatisées, est très largement dépassé. Dans le journal « Le Monde » du 2 octobre 2021, le député Loïc Dombreval s’exprime contre la maltraitance animale, une question d’éthique qui met en jeu la nature de notre société. Aujourd’hui un débat oppose les humanistes aux animalistes, mais en quoi cela nous intéresse-t-il pour devenir de meilleurs citoyens ?
I . Bref historique de la conception de l’animalité
1. Quelle connaissance des animaux non humains ?
- La connaissance savante zoologie, biologie animale, éthologie, ancienne mais bouleversée par la théorie de l’évolution de Darwin et par la génétique des populations. La primatologie aussi a bouleversé nos repères moraux.
- la connaissance empirique pratique par l’usage et la recherche l’utilité de la vie animale pour les hommes : animaux de compagnie, animaux d’élevage pour la consommation, animaux pour la chasse.
- la représentation mythique et littéraire de la figure animale comme miroir tendu à l’âme humaine les fables La Fontaine, les dessins animés Tom et Jerry, Shaun le mouton, Petit Ours Brun etc.
2. Quel problème cette connaissance plus ou moins imaginaire pose-telle ?
Se penser comme faisant partie d’une même « nature » ou au contraire comme une exception, l’Homme un être surnaturel par son esprit ?
Très schématiquement, deux types de civilisations :
- Celles qui inscrivent l’espèce humaine dans une même réalité que tous les êtres naturels. « Primitifs », terme abandonné, sociétés de chasseurs cueilleurs, peuples des forêts qui vivent en symbiose avec tous les êtres. Représentations mythiques des animaux totems, en Amérique, d’une autre façon, les divinités égyptiennes ou babyloniennes. Il y a continuité entre l’humain et le non humain.
- Celles qui ont domestiqué les animaux et ont un récit qui fait de l’homme la créature exceptionnelle représentant le divin sur terre, celui qui nomme les animaux. Les monothéismes ont séparé les hommes, créatures élues, des autres créatures de « la nature »
3. Les justifications philosophiques :
Aristote : une hiérarchie entre les êtres vivants : plantes, animaux sensibles et Homme possédant le logos ou la parole et la raison.
Descartes : les hommes sont des sujets conscients dotés d’une âme immortelle, alors que les animaux ne sont que des corps, des réalités physiques, comparables à des machines produites par la nature (Dieu). C’est la théorie des animaux-machines contre laquelle s’insurge Jean de La Fontaine et d’autres qui tels Rousseau, Condillac et Bentham reconnaissent la sensibilité des animaux et donc leur capacité à souffrir, point commun avec nous.
Mais les penseurs contemporains vont plus loin, au point de confondre pour certains la cause animale avec celle de l’humanité.
Les animalistes contemporains : Corine Pelluchon (entretien dans le journal « Le monde « du 24 mars 2022) ; Jean-Baptiste Del Amo, L214, Une voix pour les animaux ; Aurélien Barrau, L’animal est-il un homme comme un autre ?; Vinciane Desprets, Habiter en oiseau, Frédéric Le noir, Lettre ouverte aux animaux et à ceux qui les aiment ; Baptiste Morizot, Manières d’être vivant ; Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux ; Joëlle Zask, Zoocity et bien d’autres.
Les premiers à présenter le point de vue des animaux, anglo-saxons : Peter Singer, La libération animale, Charles Patterson, Un éternel Treblinka ; Tom Regan, Les droits des animaux .
En France, Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes, mais elle n’est pas animaliste au sens où elle ne met pas les êtres humains au même degré que les autres vivants ; idem pour Etienne Bimbenet, Le complexe des trois singes. Reconnaître les animaux comme des êtres sensibles et pour beaucoup intelligents, ne veut pas dire les considérer à égalité de droits avec les humains.
Quel enjeu ? Comment traitons-nous les animaux et comment cela agit-il sur notre humanité.
II. Comment nous traitons tous les animaux ?
Quel amour ? Le verbe aimer en français a un champ sémantique très large la différence de l’anglais qui distingue to love et to like.
« Aimer comme soi-même » est une référence évangélique, aimer son prochain comme soi-même. Les animaux sont-ils nos prochains ou nos lointains parents ? Tout dépend desquels on parle.
Nietzsche dit dans la Généalogie de la morale : les oiseaux de proie « aiment beaucoup » les petits agneaux, alors que les petits agneaux n’aiment pas du tout les méchants oiseaux de proie. Les hommes sont-ils des prédateurs cyniques ? Voir par exemple certains reportages sur l’élevage, le salon de l’agriculture avec ses belles vaches et leurs petits veaux… et le stand de boucherie !
Faut-il recommander le végétarisme ? C’est un point de vue ancien défendu par certains stoïciens et le néo-platonicien Porphyre de Tyr (Syrie) : « Mettre sur le même pied plantes et animaux, voilà qui est tout à fait forcé. La nature des uns en effet est de sentir, de souffrir, de craindre, de subir un dommage et donc aussi l’injustice. Les autres n’ont aucune sensation et donc rien qui leur soit inapproprié ou mauvais, un dommage ou une injustice. » Porphyre, De l'abstinence, III (vers 271)
Aimer comme soi-même, c’est mettre sur le même pied, les autres animaux, ceux qui nous sont plus proches, nous ressemblent un peu, les animaux de compagnie : chiens, chats, hamsters, oiseaux aussi ?
On constate une forme d’identification qui implique un anthropomorphisme finalement peu respectueux de la différence de ces animaux qui ne sont pas humains. En France l’animal de compagnie est « roi » : 14 Millions de chats et 8 M de chiens en France ; « Nos amis les bêtes » ; cela renvoie à une industrie pour ces animaux de compagnie et à la commercialisation de ces êtres vivants. Est-ce vraiment éthique si l’on tient compte de la misère dans nombre de pays et si l’on veut respecter la vie animale ?
Il faut se garder de deux comportements inappropriés et symétriques : l’anthropomorphisme qui consiste à prêter aux animaux proches les sentiments humains, « il ne leur manque que la parole », ou l’indifférence à leur vie conséquence de l’ignorance, ce qui conduit à les réduire à l’état de chose, de mécanique, de matière première.
Les animaux sont différents, ils ont leur mode d’existence, leur expérience, leur perception, leurs affects, leur langage. En ce sens ils sont « sentients », ils perçoivent un monde et ils peuvent établir des relations avec d’autres êtres. Mais nous ne saurons jamais « ce qu’ils pensent », on ne peut pas se mettre à leur place, on peut seulement les connaître de l’extérieur par le comportement. C’est aussi un langage, grâce auquel ils communiquent avec les humains, quand ils en ont besoin. Joëlle Zask insiste sur la capacité animale de s’exprimer, de prendre les devants, d’habiter un monde à soi.
À propos d’un monde partagé avec un chat, « cet esprit familier du lieu » comme dit Baudelaire, on peut comparer Jacques Derrida, « L’animal donc que je suis » et Florence Burgat, « Vivre avec un inconnu ». Le premier fait l’expérience d’avoir une réaction de pudeur quand son chat le regarde nu dans la salle de bain. Florence Burgat, s’interroge sur le mystérieux regard de son chat. Le regard du chat reste une énigme, il peut nous gêner, nous fasciner, lui c’est lui et moi c’est moi. Et pourtant on peut établir un lien, partager un monde, celui de la maison, des repas etc. Reconnaître la différence n’empêche pas de partager un monde.
Le cas des animaux sauvages mérite une autre analyse. Le Wild project, le réensauvagement, défendu entre autre par Baptiste Morizot (Raviver les braises du vivant). Mais peut-on faire abstraction de toute interaction avec les humains ?
Paradoxe, les médias nous abreuvent de séries animalières (avec des commentaires anthropomorphiques exaspérants) et dans le même temps les spécialistes nous alertent sur l’extinction d’une multitude d’espèces. La question, comment partager l’espace de la planète avec tous les animaux ? Impossible d’éviter une régression des grands animaux qui ont besoin d’espace et de nourriture en grande quantité quand l’espèce humaine ne cesse de croître et de développer les zones urbaines.
On sait que sauver quelques milliers de spécimen dans les zoos ne règle pas le problème, les zoos sont des élevages d’animaux destinés au spectacle, et ne peuvent pas les laisser vivre leur vie naturelle.
Propositions : créer des réserves « sauvages » protégées de toute intrusion humaine ? Wild project : acheter des zones et les laisser se développer faune et flore sans aucune intervention. On constate que la nature se reconstitue assez bien, « les braises du vivant se raniment vite ». C’est tout fait l’opposé du projet de faire renaître des mammouths par la technique et le génie génétique.
Problème de cohabitation avec les éleveurs ours, loups lynx, chat sauvage, panthère, tigre etc.
Mais c’est aussi prendre acte de la cohabitation possible dans les villes à taille et à visage humain avec des espèces sauvages capables de s’adapter : oiseaux en premier, petits mammifères, poissons, renards, blaireaux, cervidés etc. (Joëlle Zask, Zoocities)
Ici à Saint Brevin : les oiseaux comme les gravelots à collier interrompu, les mouettes, les goélands, mais aussi les corvidés, les tourterelles, et tous les passereaux, les geais, enfin les écureuils, les hérissons, les lapins etc.
Cela dépend de nous : comment aménageons-nous nos jardins, coupons-nous les grands arbres ?
Les pesticides sont dénoncés depuis plus de 60 ans depuis l’ouvrage de Rachel Carson, Un printemps silencieux.
Mais demanderez-vous et les « nuisibles » ?
Que faire des insectes ? des rats ? des taupes ?
III. Les questions d’éthique, questions qui fâchent ?
1. Peut-on encore manger de la viande ou du poisson sans mauvaise conscience ?
2. Faut-il interdire ou du moins restreindre le droit de chasser le gibier ?
3. Est-il juste de réintroduire des espèces sauvages dans des milieux complexes, notamment des grands prédateurs, loups, ours, pour « sauver » les espèces menacées ? retrouver un équilibre de l’écosystème ?
4. Les animaux des zoos, des cirques et autres lieux de spectacle avec animaux.
5. Ne plus utiliser d’animaux dans les labos de recherche
6. Quelle juste mesure entre le souci de la vie des autres animaux et le souci de la vie humaine ? Hitler adorait ses chiens sans citer d’exemples plus récents.
Petite bibliographie :
- Florence Burgat, Vivre avec un inconnu. Miettes philosophiques sur le chat, Rivages
- Jean-Christophe Bailly, Le parti-pris des animaux, édition C.Bourgois
-Vinciane Despret, Habiter en oiseau, Actes Sud
-Vinciane Despret, Chiens, chats, pourquoi tant d’amour ?
-Baptiste Morizot, Manières d’être vivant : enquêtes sur la vie à travers nous, Actes Sud
Raviver les braises du vivant. Actes Sud, 2020
-Corine Pelluchon, Éléments pour une éthique de la vulnérabilité : les hommes, les animaux, la nature, Paris, Le Cerf, coll. « Humanités », 2011
Manifeste animaliste : politiser la cause animale, Alma éditeur, 2017
Réparons le monde. Humains, animaux, nature, Rivages, coll. « Petite Bibliothèque », 2020
-Joëlle Zask , Zoocities, Premier parallèle, 2020
- Elisabeth de Fontenay, Le silence des bêtes,
- Georges Chapouthier ,Catherine Coquio, Lucie Campos et Georges Engélibert, La question animale Entre science, littérature et philosophie (dir.) PURennes
Compte-rendu de la discussion :
Une vingtaine de personnes ont activement participé à ce troisième café citoyen.
1ER Intervenant : il faut considérer comme asymétrique la relation des hommes aux animaux. Une éthique de la responsabilité incite à ne pas faire souffrir les animaux, à leur témoigner de la sollicitude dans certaines situations, sans reconnaître des droits égaux. S’il n’y a pas à proprement parler une séparation de nature entre les hommes et les animaux, on ne peut dire qu’un animal est « mon prochain ». Analyse du texte de Jacques Derrida « L’animal donc que je suis », un pied de nez à Descartes, la présence de l’animal qui a un regard m’interroge sur mes émotions.
2ème Int. Les personnes en grande précarité, vivant dans la rue ont quand même de quoi nourrir leurs animaux, leurs compagnons de misère. Cela peut susciter l’étonnement et la réprobation, par exemple d’un prêtre péruvien travaillant dans auprès des pauvres dans un bidonville surtout quand il découvre les rayons d’alimentation pour animaux dans les supermarchés des pays riches. Question de société et de civilisation.
3ème Int. Il y a une dimension projective entre l’homme et l’animal, les uns se voient « sauvages » comme un chat, les autres « fidèles » comme un chien. Mais l’animal est à notre image en plus petit, plus fragile, il faut le protéger, comme s’il représentait notre moi plus fragile, un moi inconscient ; quelque chose de moi qui demande à être réparé. Cette réparation par l’intermédiaire de l’animal serait ce qui donne sens à ma vie en quelque sorte. Si j’existe pour mon chien, c’est lui qui me fait exister d’une certaine façon. Nos rapports à nos animaux seraient donc une manière de nous rapporter à nous-mêmes.
Mais de façon plus générale ne pourrait-on dire que toute la vie humaine dépend des animaux, donc prendre soin des animaux, c’est prendre soin de nous. Même des sociétés différentes des nôtres qui cherchent la réparation dans le soin apporté aux animaux de compagnie (mais aussi dans l’usage des autres animaux domestiques), ces autres sociétés comme l’Inde avec ses vaches sacrées cherchent aussi une forme de réparation à travers ces animaux. Ces relations avec des animaux sont comme un entraînement à l’humanité, à devenir humain. Ainsi les enfants aiment s’occuper d’un petit animal, à le nourrir. On a même vu un modèle de soin pour animal virtuel au Japon (Tamagotchi). Apprendre à s’occuper de quelque chose qui est différent mais qui exige notre attention, c’est une manière de s’humaniser.
Cela dit on peut aussi voir les limites de ce modèle, la valorisation de la prédation, de la domination sur ce qui est dévalorisé existe. La controverse de Valladolid à l’aube de la modernité opposait lors d’un procès celui qui plaidait pour la protection des indiens d’Amérique contre celui qui leur déniait la possession d’une âme et justifiait l’esclavage. Or nos sociétés font face à la question du soin envers les handicapés, les personnes âgées dépendantes. Soutenir une société plus inclusive c’est mieux comprendre la citoyenneté. Peut-être ce paradigme est-il mieux appliqué dans les sociétés nordiques que dans les sociétés méditerranéennes.
4ème Int. Nous vivons un paradoxe permanent, nous respectons et aimons les animaux qui sont autour de nous et participent à notre bien-être, mais nous ignorons, nous ne voulons pas voir les animaux destinés à l’abattoir car nous avons confié à des professionnels le droit de tuer les animaux que nous mangeons.
5ème Int. Ce paradoxe se trouve chez la plupart des gens.
6ème Int. Quand on vient d’un milieu paysan on a une autre expérience. Les paysans aiment leurs bêtes, ils donnent un nom à chacune de leurs vaches, quand il faut tuer le cochon c’est un peu un sacrifice. Il y a une conscience de donner la mort et ce n’est pas rien. Les chiens et les chats font partie de la maison mais on les laisse se soigner ou mourir tous seuls, pas de soin de vétérinaire comme pour les animaux de compagnie surprotégés.
7ème Int. Le comble du rapport aseptisé aux animaux ce sont les bars à chats du Japon. On vient passer un moment câlin sans aucune contrainte, sans se soucier de l’animal, on le trouve « trop mignon » et on fait une photo. Mais les chats ont ensuite droit à quelques heures de tranquillité sans clients, alors que les serveurs font la journée continue.
8ème Int. L’idée de relation asymétrique est intéressante. Il y a bien du respect à l’égard de la vie animale, mais les situations sont variées et parfois paradoxales. Quant aux personnes précaires qui ont néanmoins la charge d’un animal de compagnie c’est sans doute le remède à une profonde solitude. C’est respectable de vouloir donner un sens à sa vie et les animaux qui accompagnent ces exclus de la bonne vie ont eux aussi droit au respect. Cependant on peut éprouver de la gêne sur un point : vouloir limiter son rapport à l’autre dans la relation à un animal n’est-ce pas un choix confortable, une façon trop commode de rechercher de l’affection, sachant que l’animal n’apportera jamais la contradiction, ne jugera pas les mauvaises actions ? Ceux qui aiment tant les animaux, plus que les humains, sont-ils des êtres moraux ? On sait combien Hitler aimait ses chiens.
9ème Int. On voit très bien comment s’opère le renversement des sentiments envers les animaux dès qu’on peut imaginer que ces derniers pourraient nous dominer. Voir le film La planète des singes. Ce genre de fiction reflète bien la conception anthropomorphique dominante dans la représentation de la vie animale. C’est particulièrement insupportable dans la plupart des films animaliers. Si les images sont souvent intéressantes, le commentaire est insupportable, il faudrait couper le son.
10 ème Int. La preuve que nous ne comprenons pas les animaux en eux-mêmes, selon leur nature, que nous ignorons leurs vrais besoins, c’est par exemple cette mode qui consiste à avoir des poules chez soi, en les enfermant dans un mini enclos de 2 m2. C’est bien d’éduquer les enfants en leur montrant toutes sortes d’animaux, mais il faut leur faire découvrir la diversité et surtout observer le comportement, si possible sans interférences et dans un milieu favorable à l’animal.
11 ème Int. Pour respecter les animaux dans leur diversité il faut apprendre à en connaître la nature, les fonctions biologiques, le mode de vie. Il faut une éducation scientifique et écologique. C’est aussi depuis toujours le rôle de l’école, notamment avec les pratiques de style Freinet ou Montessori.
12 ème Int. Si nous connaissons mieux les comportements des animaux nous ne pouvons plus les traiter comme des humains, exiger d’eux les mêmes règles de vie. Par exemple ça n’a aucun sens de punir un chat qui a « fait des bêtises », le chat ne peut pas comprendre qu’il est interdit de griffer le canapé ! Eduquer un animal c’est détourner ses comportements en douceur. Ainsi faut-il un amour « inconditionnel » pour les animaux si on veut en accueillir chez soi. Ce rapport indulgent que nous nous efforçons de construire nous permet également de mieux traiter les humains quand ils sont trop différents de nous.
13ème Int. Mais il faut dire quand même que tous les animaux ne peuvent être tolérés, comme les chenilles processionnaires qui détruisent les pins, il faut les détruire pour protéger les pins.
14 ème Int. En ce qui concerne l’éducation des jeunes enfants il faut leur apprendre à ne pas avoir peur à ne pas être dégoûté mais à observer. Les insectes sont intéressants pour cela, on peut faire « des leçons de choses », par exemple montrer comment une araignée a tissé sa toile et attrape des mouches ou même des abeilles. C’est son garde-manger, elle fait ce qu’elle doit faire.
15 ème Int. Les jeunes parents de nos jours ne sont-ils pas plus attentifs pour que leurs enfants apprennent à observer ?
Mais pour quoi faire ?
Un accord se dessine pour admettre une spécificité de l’être humain, sans nier une certaine continuité avec les autres animaux. Une meilleure compréhension de la vie des animaux et un rapport sans cruauté aux animaux domestiques ou sauvages est une condition des rapports plus moraux entre humains.
Le Café citoyen reprendra après la rentrée de septembre sur de nouveaux thèmes : Habiter, Les inégalités, la question du genre, etc.
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